Mythes et réalités de la recherche médicale face aux virus
3 avril 2021
Cher(e)s Ami(e)s de VIE et ACTION,
Je vous invite à lire le texte rédigé par Raoul ROBECCHI, Directeur scientifique de VIE et ACTION sur l'actualité liée au Coronavirus.
Sa description de la situation actuelle ainsi que ses réflexions et ses questionnements pertinents vous permettront, je l'espère, à vous amener à prendre des décisions éclairées.
CONFIANCE et comme disait André PASSEBECQ : "Garder le calme des vieilles troupes !".
Bonne fête de Pâque. Amicalement.
Différentes polémiques ont secoué le monde médical depuis le début de l’année 2020. En cause, l’incapacité des autorités à s’accorder sur l’efficacité – ou l’inefficacité (avec les dangers…) - de préparations pharmaceutiques et de vaccins. Ceci dans un contexte tendu de pandémie planétaire où chaque décision mobilise des légions entières de défenseurs / détracteurs avec en filigrane des intérêts financiers conséquents. Au-delà du débat sur l’utilité de certains médicaments et sur le droit de prescrire, cette polémique aura révélé les faiblesses de la machine expérimentale pharmaceutique et par voie de fait la persistance d’un mythe : le mythe de l’expérimentation en pharmacologie.
« Double aveugle », « échantillons de patients », « publications de données »… etc. Toute une littérature qui a fait les gorges chaudes de « spécialistes ». Bref, une guerre où - fait nouveau - chacun a combattu à visage découvert et a révélé au grand jour des intérêts autres que ceux qui ont fait les heures de gloire de la recherche scientifique. Dans l’arène : les laboratoires pharmaceutiques appuyés par certaines revues scientifiques, des médecins praticiens, des chercheurs, des membres de conseils scientifiques de tout ordre dont la France en nourrit plus d’une centaine. Tout cela accompagné de scandales avec en première ligne une revue scientifique : « the Lancet », qui a été prise la main dans le sac en divulguant des informations tronquées afin de valider, selon certains observateurs, des intérêts particuliers.
Ceci a été le révélateur d’un déficit de pertinence de ce que l’on pourrait nommer « la preuve scientifique » qui valide tout nouveau produit pharmaceutique mis sur le marché. À cela s’est ajouté une industrie qui se précipite sur la fabrication de vaccins à vecteurs viraux et virus inactivés sans passer par les étapes transitoires d’une validation statistique de très grande ampleur…
En effet, tout médicament nouveau se doit avant sa fabrication industrielle et sa mise sur le marché de passer par la case « expérimentation » avant d’être validé par un collège d’experts.
Quelle est la pertinence de cette validation ?
Cela se résume d’abord par la constitution d’un échantillon de population (patients) destinés à tester la substance. Jusque-là tout est recevable…
Pour une préparation pharmaceutique on considère qu’un échantillon de 1000 personnes est déjà représentatif. Pour un vaccin, si l’on commence par une première phase d’expérimentation sur 100 personnes, la troisième et dernière phase d’expérimentation doit concerner au minimum 30000 personnes. Or, il faut savoir qu’un échantillon représentatif d’une population est quasi-impossible à réaliser selon les critères mêmes que ceux qui définissent les principes de toute expérimentation. En effet, cela implique de tirer au sort des humains comme on pourrait le faire pour des animaux de laboratoire. Donc, vous l’avez bien compris, on ne peut tirer au sort 1000 personnes pour tester un médicament, ou 30000 personnes pour un vaccin - à moins de vivre dans une dictature… On ne peut donc obliger des individus à tester une substance parce qu’ils ont été tirés au sort selon des catégories pré-définies de différentes couches de populations. Cela devient donc insoluble car l’expérimentation pharmaceutique ne peut donc désigner des personnes tirées au sort dans la population. Les centres d’expérimentations valideront donc des « cobayes » soit par petites annonces sinon à l’intérieur de structures pré-établies.
La constitution d’un échantillon de population par petites annonces reste une aberration scientifique pour tester certains types de préparations car le profil social des « volontaires » ou plus précisément des lecteurs d’un journal qui répondent aux petites annonces, n’est jamais représentatif d’une population. Si l’on doit tester un antiseptique à usage externe cela ne posera aucun problème, en revanche, pour certaines préparations qui concernent des pathologies propres à certaines tranches d’âge ou de population, cela devient plus complexe. De plus, les personnes qui répondent favorablement à une proposition de test de médicament sont généralement des personnes à revenus faibles sinon des personnes en bonne santé ; jeunes, étudiants… Exemple : pour tester le vaccin contre le Covid 19 chaque laboratoire a sa technique. Aux États-Unis les « volontaires » ou « cobayes » sont rémunérés 2000 dollars US. Donc majorité de personnes dans le besoin (jeunes, étudiants, démunis…) sinon des personnes désirant se faire rapidement vacciner, et ce, avant tout le monde. À ce titre les laboratoires ont subi des pressions de la part de certains volontaires qui ne désiraient pas recevoir le placebo ! En Allemagne, selon certains observateurs, on n’aurait testé un vaccin que sur des personnes âgées entre 18 et 35 ans. Comment dans ce cas évaluer les effets lorsque l’on sait que le vaccin serait surtout destiné aux personnes les plus fragiles et donc les plus âgées ?
Dans toutes ces diverses situations d’évaluation, les résultats seront critiquables car les personnes jeunes possèdent des caractéristiques physiologiques radicalement différentes d’autres classes d’âge. À l’extrême, prenons l’exemple d’un médicament qui ralentit la décalcification osseuse… A l’inverse, recruter des « cobayes » dans les maisons de retraites est tout aussi erroné. Maintenant, on pourrait mélanger les populations… les résultats seraient toujours non représentatifs car il sera toujours difficile de suivre les règles de base de la constitution d’échantillons de population ! Il faut savoir que dans l’expérimentation biologique, le tirage au sort, lui aussi, suit des règles très précises. Exemple : séries de chiffres aléatoires, etc… Réf – D. Schwartz - Méthodes statistiques à l'usage des médecins et des biologistes. Paris : Flammarion, Médecine Sciences, 1977.
Cependant, on l’aura compris, c'est justement en choisissant ses patients dans telle tranche d’âge ou sociale que l’on pourra davantage valider une préparation donnée. Pour une tranche d’âge ou sociale ou professionnelle, on aura toujours des résultats non généralisables à l’ensemble de la population. Certaines professions sont en effet sujettes à des prédispositions pathologiques et ne peuvent servir de terrain d’expérimentation. Exemple : les employés de bureau avec la sédentarité, les enseignants avec le stress, les pilotes d’avion avec la perturbation des cycles veille-sommeil, les caissières avec les maladies articulaires, les employés de l’industrie avec les affections respiratoires… etc. À cela s’ajoute des catégories propres à des habitudes de vie : ex : fumeur / non-fumeur, sportif / sédentaire… etc.
Et même dans le cas où chaque catégorie sociale pourrait être représentée, on ne peut généraliser une observation à la planète entière. Exemple : cas de l’épidémie de rougeole à Samoa en novembre 2019. Les systèmes immunitaires sont différents d’une population à une autre, d’une ethnie à une autre. Ce n’est pas parce qu’un système immunitaire est vierge de toute vaccination qu’il constitue une barrière renforcée pour tout virus nouveau. Ce n’est pas parce qu’un système immunitaire est ultra puissant qu’il va enrayer la maladie. Exemple cas comparatif des enfants amérindiens exposés au virus de la rougeole et/ou au coronavirus Covid 19. Au contraire, tout système immunitaire (qui dépend aussi de facteurs génétiques…) doit se mettre en place progressivement et cela commence avant même la naissance. Il existe donc des cas où les problèmes se posent quand le système immunitaire agit avec trop d’intensité. Tout le monde connaît l’exemple de populations coupées du reste du monde qui sont subitement décimées par une maladie qui ailleurs ne poserait aucun problème à part quelque rare cas…
En 1967 un village amérindien peuplé par les Yanomami sont exposés pour la première fois au virus de la rougeole. Les 150 habitants du village ont tous contracté la rougeole et 17 personnes sont mortes, soit plus de 10%. Nombre d’observateurs s’accordent à penser que les natifs des Amériques possèdent des systèmes immunitaires davantage vulnérables pour certaines affections. Ceci en partie explicable par le fait qu’avant les grandes migrations, les Amériques ne connaissaient pas certaines maladies comme la fibrose kystique, la chorée d'Huntington, l'anémie du nouveau-né, l'asthme, le diabète sucré de l'enfant…
La pratique expérimentale implique aussi la répartition des tests en « double aveugle ». Une partie des « cobayes » recevront un placebo afin de tester le retentissement psychosomatique de la prise d’une préparation. Ceci implique que si le résultat du placebo est comparable à l’essai avec la substance active, le médicament ne peut être validé. Utiliser un placebo sur une population tirée au sort pour contrer une affection non présente n’a souvent aucun intérêt et peut fausser les résultats car les « cobayes » n’ont aucun désir de guérir d’une maladie qu’ils n’ont pas. Inversement, si la maladie est déclarée est qu’on leur administre un placebo en substitution d’un médicament largement supposé actif, cela pose un problème d’éthique. A-t-on le droit de mettre en danger la vie d’autrui à des seules fins d’expérimentation ?
En conclusion, on se rend compte combien l’expérimentation pharmacologique, préalable à toute autorisation de mise sur le marché peut se résoudre dans bien des cas à n’être qu’un mythe entretenu.
A l’inverse, le non-agir peut être aussi critiquable. Le parti pris qui consiste à dire qu’aucun médicament nouveau ne doit voir le jour au nom d’un principe de précaution est tout aussi préjudiciable pour certaines affections dont la pharmacologie pourrait n’être en final que la seule thérapeutique envisageable. Il faudra donc se prévenir de tout préjugé qui sous des prétextes de prudence verserait dans l’obsession du risque zéro, sinon des réactions phobiques ne débouchant que sur la peur.
Alors, que se passe-t-il dans la réalité ?
C’est finalement dans la pratique quotidienne auprès des malades que bon nombres de médecins ont coutume de tester eux-mêmes les médicaments. Pour qu’un médicament soit pleinement validé, de nombreux praticiens évoquent une durée qui peut aller jusqu’à 30 ans afin d’en écarter les risques encourus à moyen, long, et très long terme. Pour un vaccin dont le principe actif est l’inactivation d’un virus, la même durée de 30 ans fera foi pour bon nombre d’observateurs. Aujourd’hui, nous avons sur le marché des vaccins à Arn messager dont le principe consiste à injecter une séquence de code Arn qui va ordonner la fabrication d’une protéine qui va bloquer le virus. Ici ne se pose plus le problème du virus inactivé qui peut se « réveiller ». Les effets secondaires doivent être également pris en compte en délimitant ce qui relève de l’action du vaccin et ce qui relève des statistiques générales de répartitions de symptômes sur une population donnée.
Dans la situation de pandémie mondiale de Covid 19, nous avons l’opportunité exceptionnelle d’analyser des données établies sur des dizaines de millions de personnes vaccinées durant la même période. C’est un événement unique dans l’histoire de la médecine. Il est clair que des personnes vaccinées décéderont dans les jours qui suivent pour une simple question de probabilités statistiques. On peut très bien être vacciné et déclarer une sclérose en plaque une semaine après. Dans une population de 20 millions de personnes il va y avoir « n » individus qui à un moment « t » vont déclarer la sclérose à un moment où l’on pourrait croire qu’il y a une relation de cause à effet avec le vaccin. C’est statistiquement recevable sans pour cela que le vaccin ne soit incriminé. Maintenant si on braque les projecteurs sur ce cas précis en hurlant au complot et à l’hécatombe à venir, on induira une réaction de stress supplémentaire parmi la population vaccinée qui n'ira jamais dans le sens d’un apaisement des esprits et du vivre mieux. On pourra même aggraver la situation sans que le vaccin ne soit mis en cause !
En final, pour revenir au réel, l’alerte ne sera donnée que si une réaction immunitaire grave et rare sera observée dans de nombreux cas dans un intervalle régulier après la vaccination. Ce fut le cas pour les thromboses observées chez certains patients ayant reçu le vaccin Astra-Zeneca.
À noter, que l’on ne parviendra jamais à prouver (ou invalider) la persistance d’effets secondaires à très long terme sur le code génétique et à moyen terme sur le système immunitaire. Cependant, cette inconnue permanente accompagne toute consommation de préparations pharmaceutiques. Chacun évaluera au terme de ses réflexions ou de ses croyances, au terme également d’une réflexion sur son état physique, la balance des bénéfices/risques. La règle consiste malheureusement à se faire une idée soi-même avec les informations dont on dispose. N’oublions pas qu’il existe des personnes très âgées dont la fragilité ne permet même plus de supporter la moindre affection même bénigne ne fut-ce qu’une réaction immunitaire en cas de vaccin qui chez un autre individu ne poserait aucun problème. En même temps pourquoi refuser le vaccin à un certain âge lorsque l’on sait qu’être infecté du Covid 19 aurait de fortes chances d’être fatal ? Mourir bio ou prendre des risques ?
Si le vaccin à Arn messager (Pfizer, Bio Ntech, Moderna) semble tenir ses promesses en matière de balance bénéfices-risques, qui prendra le risque de se faire vacciner par un vaccin à virus inactivé (Astra-Zeneca) dont l’expérimentation n’a même pas duré un an ? Nous avons eu le cas malheureux du vaccin contre la dengue (vaccin Dengvaxia) mis sur le marché par le laboratoire Sanofi. Ce vaccin a finalement été (partiellement) retiré car il accroissait le risque de contracter la maladie parmi les personnes n’ayant aucun antécédent à cette maladie virale.
Arrêtons-nous un instant sur ce cas précis ; comment donc ce vaccin a-t-il pu être mis sur le marché et au terme de quelle expérimentation ?
Rappel.
La dengue est une maladie endémique transmise par la piqûre d’un moustique sévissant dans les pays de la zone intertropicale et concerne 128 pays avec une population à risque de près de 4 milliards d’individus. La cause est un arbo-virus dont il existe 4 sérotypes différents. Il n’y a pas de protection croisée entre ceux-ci - cependant l’immunité procurée par l’infection est de longue durée. La dengue concerne jusqu’à 500 millions de personnes infectées par an avec 2 millions de personnes ayant des complications. 20000 décèderont dont en majorité des enfants. Donc :
Population à risque : 4 000 000 000
Infection annuelle : 100 à 500 000 000 entre 2 et 12,5 %
Complications : 2 000 000 0,05 % (1 pour 2000 )
Décès : 20 000 (enfants 60 % : 12 000 ) 0,0005 % (1 pour 200 000 ou 5 décès par million d’habitants par an)
Tous ces chiffres sont ramenés à la somme totale de la population à risque qui est de 4 milliards d’individus.
Note : Il faut préciser qu’il est difficile de se procurer un profil-type des personnes décédées enfants et adultes. Les recommandations de l’OMS précisent toutefois que l’insalubrité est un facteur aggravant dans la prolifération du moustique. Aucune indication non plus sur l’état du système immunitaire des enfants décédés. Aucune étude trouvée sur ce sujet.
On peut donc évaluer la morbidité de la maladie qui concerne 5 personnes par millions d’habitants exposés. Dans ce cadre, on ignore déjà trois variables :
- l’impact de la répartition géographique par rapport à une flambée épidémique localisée
- Le sous-développement et l’insalubrité comme facteur aggravant
- L’état de précarité sanitaire comme facteur aggravant.
Conclusion : il devient difficile d’évaluer l’impact de facteurs considérés comme aggravants. A ce stade de l’observation, les données ne sont déjà plus généralisables car on ne peut définir quel serait l’impact de la maladie sur d’autres types de populations non concernées par des problèmes de sous-développement ou de précarité sanitaire. Même en prenant comme référence des pays à fort PNB où sévit le moustique (cas de Hawaï et Polynésie…) : la question demeure ; à savoir sur quel type de population observerait-on les décès sachant que partout sur la planète – même dans les pays riches - on peut observer des îlots de sous-développement et de précarité ?
Ceci implique que le pourcentage des complications et des décès liés à la dengue pourrait être encore plus bas pour des personnes en bonne santé. (hypothèse non vérifiée…).
En effet, les données tirées de l’observation mélangent les populations, ce qui d’un point de vue scientifique est erroné. Pour être complètes, les statistiques devraient répartir les chiffres suivant des catégories croisées de populations réparties par état de santé. En final cela demeure difficile à établir, d’où l’impossibilité – au départ – de considérer l’impact de cette maladie suivant des variables qui ne sont pas maîtrisées, et ce, en dehors de toute vaccination. Nous devons donc partir du principe que tout individu appartenant à la population à risque est concerné par la dengue selon une probabilité qui est la même pour tous - ce qui est faux d’un point de vue scientifique – mais vrai d’un point de vue administratif !
Mise en place du vaccin de la dengue (vaccin à virus inactivé).
Après une série de tests sur 30000 personnes (là encore, comment ont été choisis les cobayes : toutes les tranches d’âge, tous les profils physiologiques, sociaux, ethniques ?…), les Philippines décident en 2016 de vacciner 500 000 enfants.
Sanofi avait promis au début de la campagne de vaccination, de prévenir jusqu’à 93% des cas de complications mortelles.
Un an plus tard, en 2017, tout s’effondre. Avec les données recueillies auprès d’un demi-million de personnes vaccinées, on arrive enfin à constituer – mais trop tard – des données précises sur le vaccin. Effectivement, pour les raisons évoquées plus haut cela était impossible à réaliser avant, lorsqu’on « expérimentait » sur les 30000 cobayes !
En fait, le vaccin ne protégeait que les personnes qui avaient déjà été infectées par le virus et qui n’étaient pas décédées (on peut donc dans ce cas se poser la question de l’utilité… ) tandis qu’il accroissait la mortalité chez les personnes n’ayant jamais été exposées au virus. Autrement dit, le vaccin entraînait davantage de complications sévères chez les personnes n’ayant jamais eu la maladie !
Arrêtons-nous un instant sur cet épisode. On peut ici avoir la preuve d’un vaccin mis sur le marché alors que l’expérimentation est insuffisante – cependant – il faut noter que le Haut Conseil de la Santé publique ( HSCP France) avait évoqué dès juillet 2016 le risque d’une exacerbation de la Dengue sur les patients dits naïfs… en expliquant que – déjà - lors de l’expérimentation en phase 3 ( 30000 personnes) le vaccin représentait un risque accru chez les enfants vaccinés ! Cela n’a pas empêché la commercialisation et la diffusion à grande échelle du vaccin aux Philippines alors que le HSCP l’avait déconseillé pour Mayotte et la Réunion. Ce n’est qu’après que des enfants âgés de 2 à 5 ans payèrent de leur vie l’expérimentation à grande échelle du vaccin, que les Philippines décidèrent enfin de stopper la campagne de vaccination.
Sanofi s’en tirera auprès des pays ayant validé le vaccin (Brésil, Mexique, Salvador…) en précisant sur la notice que la vaccination « n’est pas recommandée aux personnes n’ayant aucun antécédent d’infection par le virus de la dengue».
Sanofi avait dépensé depuis 1994, 1,5 milliard d’euros dans la recherche et le développement de ce vaccin. Homologué en 2015, il avait été testé sur 30 000 enfants dans dix pays de l’Asie et l’Amérique latine. C’est un vaccin vivant atténué polyvalent contre les 4 sérotypes de la dengue, utilisant des virus chimères, donc issus d’une manipulation génétique. En final, le vaccin n’a été indiqué que pour les sujets âgés de 9 à 45 ans, dans une quinzaine de pays.
Bonne nouvelle - quand même - pour les autorités sanitaires françaises qui n’ont pas joué le jeu d’un laboratoire pharmaceutique, même au vu de chiffres minimes (différence de 3 pour mille dans tous les cas ). Preuve qu’il y a des progrès qui ont été réalisés dans la surveillance des vaccins…Les complotistes aussi auront perdu la bataille de l’information. Sur ce coup, les autorités sanitaires françaises auront joué leur rôle. Cela peut s’expliquer par la défiance que la population manifeste de plus en plus à l’égard des vaccins. Pour être crédible, il faudra donc de plus en plus se confronter avec la réalité, voire la vérité. De plus en plus de médecins et de chercheurs le savent.
Pour revenir au vaccin contre la dengue, chez les sujets séropositifs à au moins un sérotype de la dengue, la vaccination était bénéfique contre une deuxième infection à un autre sérotype (incidence de 1 dengue sévère sur 1000, contre 4,8 pour les non-vaccinés). Alors que chez les sujets séronégatifs, la vaccination était un préjudice (4 pour mille contre 1,7 pour les non-vaccinés) 67. OMS, Reh 2018, op. cit., p. 471. Cette différence de 3 pour mille a suffi pour invalider l’efficacité d’un vaccin. Chacun comprendra ici la difficulté d'évaluer un vaccin avant l'essai final sur une population entière...
L’histoire ne nous dit pas sur quelle base les familles qui ont perdus leurs enfants à cause de l’expérimentation du vaccin ont été indemnisées. Cela nous rappelle la triste célèbre histoire des enfants morts dans les années 50 par des campagnes massives aux États-Unis pour le vaccin contre la polio. Ce vaccin ne sera en final au point (contre toute réserve) qu’à partir des années 60. La polio est en voie d’éradication complète de la planète, « grâce au vaccin », mais sa mise au point aura coûté de nombreuses vies. Aujourd’hui on estime, dans le cadre du vaccin contre la polio qu’il existe une complication grave pour 2,7 millions de personnes vaccinées… Bien sûr, là aussi on ne connaîtra jamais l’incidence de la maladie si le vaccin n’avait jamais eu lieu dans un contexte sanitaire et conditions de salubrité en constant développement…
Un deuxième vaccin (Takeda) contre la dengue apparaît au Japon. Celui-ci montre une efficacité globale plus élevée que celui de Sanofi. Cependant la protection ne peut se généraliser aux 4 serotypes. À noter qu’il n’y a aucun recul pour analyser les chiffres de l’expérimentation de Takeda. Avec le vaccin de Sanofi, les premiers cas graves de dengue chez les vaccinés, sont apparus chez les enfants âgés de 2 à 5 ans lors de la troisième année de suivi après l'administration de la première dose.
Conclusion. On voit encore ici la difficulté qu’impose la mise en place d’un vaccin. Cela nous rappelle le contexte de l’année 2020 où près de 400 vaccins contre le Covid 19 sont en phase d’expérimentation avec près de 200 vaccins validés et où les autorités sanitaires promettent des vaccins moins d’un an après la découverte du virus ! Il est clair que l’expérimentation se fera au moment même de la campagne de vaccination. Le labo Astra-Zeneca a dû stopper net ses recherches suite à un seul cas de complication grave dû à son vaccin. Encore une preuve de transparence (ouf !). En mars 2021, une nouvelle alerte bloque le vaccin Astra Zeneca dans plusieurs pays à cause de cas graves de thromboses. S’ensuit une bataille d’annonces ; certains estimant qu’il n’y a aucun lien entre les cas de thromboses et le vaccin. On verra par la suite grâce à des études statistiques comparatives… Mais c’est sans compter avec la difficulté de valider, selon les pays, les classifications des maladies dans la quête des données. Il suffit que les thromboses soient répertoriées dans deux catégories différentes de maladies pour que les données ne soient plus comparables. Pour conclure sur le vaccin Astra-Zeneca, cela peut sembler paradoxal mais dans les essais cliniques validés fin 2020 il n’y a pas eu de cas graves suite au vaccin avec même dans le groupe témoin 7 décès enregistrés. 7 personnes mortes après avoir été vaccinées avec un placebo !
En final, chacun devra donc - difficilement - évaluer le rapport bénéfices/risques.
Fin 2020, personne ne possédait encore les moyens d’évaluer l’impact du virus sur la santé. À ce stade, le nombre de décès n’exprimait encore que des données vagues, car vu la couverture médiatique, aucune donnée sur l’impact de l’effet « nocébo », à savoir le rôle joué par les différentes peurs (peur de contracter le virus, peur du vaccin, peur de ne pas se faire vacciner…etc). On ne connaît que les études statistiques établies à partir de ce que chaque pays a défini comme décès. Il faudra donc attendre la fin de la pandémie pour y voir plus clair. C’est donc à chacun de prendre sa décision suivant le fait qu’on appartient ou non à une population à risque. Peut-être que le vaccin, si administré, agira en complément d’un placebo post vaccinal…L’OMS Office Mondial de la Santé s’était exprimé sur ce point en septembre 2020 en précisant qu’il n’approuverait aucun vaccin dont la mise sur le marché se ferait avant la mi 2021. Promesse non tenue car c’était sans compter sur les vaccins à ARN messager (Pfizer, Bio Ntech, Moderna..). Ceux-ci ne posent à priori pas du tout les mêmes problèmes que les vaccins à virus inactivés. De plus les conséquences graves post vaccinales ne représenteraient statistiquement même pas les probabilités d’apparition des mêmes symptômes sur une population non vaccinée.
En Europe, après avoir vacciné près de 20 millions de personnes, on n’enregistrait « que » 76 décès dont la relation avec une réaction immunitaire inappropriée ne pouvait être établie. À noter que ce vaccin induit quand même une réaction immunitaire dont l’issue n’est pas fatale mais dont il faut tenir compte. Peut-être qu’il faut encore une fois établir un choix selon la balance des bénéfices et des risques. Car même si minime soit-elle, une simple réaction de l’organisme peut avoir des conséquences fatales sur une personne très âgée dont la vie ne tient qu’à un fil. Aussi avec les vaccins Arn, une inconnue majeure demeure: quelle est leur efficacité réelle sur le moyen et long terme ? Pour l’instant on n’en sait rien. Quant à savoir s’ils vont modifier le génotype de chacun, peut-être la même probabilité après avoir avalé un grain de maïs transgénique de se transformer soi-même en épi de maïs…
Raoul Robecchi. Directeur scientifique de Vie & Action